Notre société occidentale exige que toute communication soit divertissante. Le style et l’art de l’élocution l’emportent maintenant sur l’importance du contenu d’un message.

Même au sein de la communauté chrétienne, on s’attend à ce que celui qui communique un message de la Parole de Dieu le présente de façon impeccable, divertissante et professionnelle. Il doit suivre une formation de plusieurs années et s’exercer longtemps afin d’apprendre à présenter la vérité d’une manière acceptable. En effet, sa présentation doit être fluide, captivante, et surtout, elle doit divertir le public.

Le plus tragique, c’est que les chrétiens en général se préoccupent davantage de la manière qu’un message est apporté que de son exactitude.

Un des inconvénients les plus fâcheux de cette façon de penser est l’effet qu’elle produit sur l’ensemble du corps de Christ quant à la proclamation de la vérité. Il est maintenant fréquent de reléguer à une poignée de spécialistes, que l’on appelle l’équipe pastorale, la responsabilité de communiquer la Parole de Dieu. Après tout, ces hommes possèdent les compétences et la formation nécessaires, et par-dessus tout, une bonne élocution.

Dans la Bible, Paul dit : « Ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse [humaine], mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance, afin que votre foi soit fondée non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. » (1 Corinthiens 2.4-5, S21)

On accorde une grande importance à la communication spontanée. Le fait de savoir livrer un message de façon improvisée est impressionnant et certaines personnes sont douées pour cela. Mais qu’en est-il de la grande majorité des croyants qui ne sont pas des orateurs talentueux et formés? Le fait de communiquer la vérité, en proclamant l’Évangile ou en enseignant la Parole aux croyants, semble être une tâche redoutable en raison des attentes non dites quant à la façon de s’y prendre.

Durant plusieurs années, ma femme et moi avons contribué à annoncer l’Évangile au peuple Manjui (prononcé Mawn-hou-i), dans les jungles du Paraguay. Dans le but de réduire au maximum les erreurs grammaticales et de veiller à l’exactitude du contenu, je trouvais nécessaire d’écrire chaque mot de chaque leçon d’enseignement que je préparais. L’objectif était toujours la bonne compréhension.

Au lieu d’essayer d’improviser et de risquer de commettre des erreurs, j’avais choisi de rester très près du texte de la leçon. En fait, je ne faisais que lire la leçon, en ajoutant des réflexions additionnelles lorsque le Seigneur m’y faisait penser. Grâce à cette méthode, j’avais l’assurance d’avoir tout communiqué ce que j’avais prévu, sans rien avoir oublié. Là encore, mon objectif était de communiquer de façon exacte et rigoureuse.

Le peuple Manjui a compris que Dieu avait présenté sa Parole aux hommes par écrit. Nous avons souligné à maintes reprises que le message que nous leur transmettions n’était pas le nôtre. Afin de manifester l’importance de la Parole écrite, nous lisions chaque leçon et cela leur servait de modèle quant à la manière dont ils pourraient aussi présenter la vérité de Dieu à d’autres personnes. La dernière chose que nous voulions, c’était d’accabler les nouveaux croyants avec l’idée qu’ils devaient présenter un message de mémoire pour arriver à enseigner la Parole de Dieu.

Ce style d’enseignement est facile à utiliser pour à peu près n’importe qui et il ne nécessite pas des années de formation. Au départ, les Manjuis apprenaient encore à lire. Puis, lorsqu’ils se sont mis à enseigner le message de l’Évangile à d’autres membres de leur peuple, leur élocution était loin d’être impeccable et divertissante. Toutefois, il est formidable de noter que l’exactitude de l’information ne s’est jamais perdue et que leurs auditeurs comprenaient correctement. Au fil du temps, les hommes ont amélioré leurs compétences en lecture et, à mesure qu’ils gagnaient en confiance dans leur rôle, ils se sont mis assez naturellement à donner plus de détails sur le contenu des leçons.

La lecture n’est peut-être pas le moyen le plus divertissant de présenter le message de l’Évangile, mais c’est un bon moyen de préserver l’exactitude du contenu.