Qu’est-ce qu’il faut pour traduire un des outils de BonneSemence et le mettre entre les mains des croyants?
Le bureau de Benoit* est encombré. On y trouve, entre autres, des piles de papier et de livres, un MacBook et une bobine de câble qui doivent aller dans un sac à dos robuste en préparation pour son prochain voyage d’affaires. Son itinéraire inclut des arrêts au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie et à quelques autres endroits qui ne peuvent être mentionnés en raison des risques élevés qui s’y rattachent. Une carte du monde est affichée au mur derrière Benoit, non comme décoration, mais comme une aide visuelle pour indiquer les endroits éloignés où se trouvent ses contacts. Sur un autre mur est accroché un tableau blanc sur lequel est écrite une liste de langues. Cette liste représente les projets de traduction en cours. Beaucoup de ces langues sont parlées dans des régions du monde où la Bonne Nouvelle de la Bible n’est pas facilement accessible.
Benoit révise la liste à l’occasion et prie pour chaque projet. Il est responsable de la traduction, de l’impression et de la distribution des ressources de BonneSemence qui aideront à clarifier le message de l’Évangile pour les gens qui ne connaissent pas Jésus. Les projets de traduction constituent 60 % du travail de BonneSemence. À peine deux semaines après la publication de L’homme sur le chemin d’Emmaüs en 1996, nous avons commencé à recevoir des demandes de traduction. Il est devenu évident qu’un comité était nécessaire pour gérer le processus afin de mettre les outils dans la langue maternelle des gens autour du monde. C’est alors que Benoit est devenu coordonnateur des projets de traduction.
Au cours des 10 ans qui ont suivi, sa formation a été faite, en grande partie, sur le tas. Benoit dit qu’il a beaucoup appris des erreurs commises. Cependant, la main de Dieu a été sur le ministère : 90 projets de traduction sont maintenant terminés (incluant des livres imprimés, des livres audio et des vidéos) et 70 autres projets sont en cours, pour un total de 80 langues. Benoit se voit comme la personne qui relie les points, réunissant ceux qui ont un profond désir de voir l’Évangile clairement expliqué dans leur langue maternelle et ceux qui peuvent traduire, imprimer et distribuer ces outils. Aucun aspect de ce travail n’est prestigieuse ni facile à expliquer, mais le progrès fait lors de chaque voyage d’affaires a une valeur éternelle.
« Presque tous nos projets de traduction ont été amorcés par un ouvrier chrétien qui a été personnellement touché par les outils de BonneSemence. Ces “champions”, comme il les appelle, ont un vif désir de voir la traduction devenir une réalité, car ils voient la nécessité d’avoir en main des ressources pour guider leur peuple à une compréhension claire de l’Évangile. De nombreuses personnes sont nécessaires pour faire une traduction, mais un champion est celui qui exerce son influence pour la réaliser. »
Cela ne prend que quelques minutes de conversation avec Benoit pour constater sa passion pour son travail. Sa voix devient étouffée et des larmes remplissent ses yeux quand il commence à décrire les projets et les partenaires qui y travaillent. À l’aide de notes volumineuses écrites dans divers cahiers qu’il garde à portée de la main, Benoit s’efforce de rester à jour avec ce qui se passe dans la vie de ses partenaires. Quand on lui pose une question au sujet d’un projet en particulier, son regard devient distant, comme s’il est en train de se rappeler les visages de ceux qui travaillent sur le front et les doux moments de communion passés ensemble.
À une telle occasion, Benoit m’a expliqué comment la version portugaise de L’homme sur le chemin d’Emmaüs a été réalisée. « Ce projet a commencé en l’an 2000, quand un missionnaire au Brésil, Gordon*, m’a dit : “Benoit, il faut traduire ce livre en portugais immédiatement!” »
Se penchant vers l’avant, Benoit me dit d’une voix hésitante : « Gordon avait tellement à cœur de mettre cette ressource entre les mains des croyants brésiliens, et nous voulions vraiment l’aider à le faire, mais il y avait tant de projets de traduction déjà en cours. » Benoit avait donc averti Gordon que ce serait très, très long avant qu’une traduction portugaise puisse devenir une réalité.
Gordon n’était cependant pas facilement découragé. « Je ferai tout ce que je peux pour aider. Qu’est‑ce que ça prend? De l’argent? Des contacts? Laisse-moi voir ce que je peux faire! » Peu de temps après, Gordon avait tenu sa promesse. Il avait trouvé un traducteur, qui a commencé à faire la première ébauche d’O Estranho no Caminho de Emaús. C’est ainsi que, sans aucune participation directe de la part de BonneSemence, Benoit avait trouvé un champion pour traduire L’homme sur le chemin d’Emmaüs en portugais.
Toutefois, même après avoir franchi ces premières étapes, une bonne traduction n’est jamais un processus rapide. « L’Évangile est un message précieux, et l’équipe de BonneSemence désire prendre toutes les mesures possibles pour le présenter de façon claire et de manière à communiquer avec le cœur du lecteur. À BonneSemence, nous disons que nos outils sont traduits de manière à ce que des personnes bien ordinaires puissent les lire et les comprendre. Nos livres doivent se lire comme s’ils avaient été écrits dans la langue maternelle de la personne qui les lit; c’est là notre objectif. Notre équipe vérifie aussi l’exactitude de la doctrine. »
Par exemple, dans la traduction initiale de la version thaïe de Par ce nom, le traducteur avait choisi le mauvais mot pour décrire l’orgueil de Satan quand il s’est rebellé contre Dieu. Le traducteur avait choisi le mot thaï que l’on utiliserait pour décrire la fierté d’un père en réponse à la réussite de son fils. Il s’agissait d’un tout petit mot, mais l’effet négatif qu’avait ce mot sur le message était grand.
Alors, comment l’équipe de Benoit vérifie-t-elle l’exactitude du message? BonneSemence a quelques membres du personnel qui sont des coordonnateurs de traductions. Chacun est responsable d’un certain nombre de projets, souvent regroupés géographiquement. Évidemment, les coordonnateurs ne parlent pas toutes les langues dont ils sont responsables. Ils doivent compter sur des locuteurs indigènes pour faire ce travail. La responsabilité des coordonnateurs est de vérifier que le travail est bien fait. Pour ce faire, ils utilisent une méthode linguistique de vérification qui s’appelle la contre-traduction, une retraduction dans la langue de départ. Au fur et à mesure que chaque section du texte est terminée, le coordonnateur s’assoit avec un locuteur indigène bénévole qui connaît la langue d’arrivée ainsi que la langue de départ, par exemple, le français. Le bénévole lit la section traduite et dit ensuite dans la langue de départ ce que, selon lui, le texte dit. Des questions lui sont posées pour évaluer sa compréhension du contenu. Ce processus est répété avec de nombreux bénévoles. Ainsi, toute incompatibilité entre le texte de départ et la traduction ressort et est corrigée.
« Le processus est long et pénible, mais il en vaut la peine lorsque l’on considère que nous communiquons le message le plus important qu’une personne entendra durant sa vie. » dit Benoit.
Un autre principe important guidant le travail de traduction est que chaque idée doit être exprimée de façon à ce qu’un locuteur indigène puisse la comprendre. Ce que l’équipe de traduction veut éviter, c’est que la traduction soit automatique et difficile à comprendre. Cela veut dire que les traducteurs doivent trouver des équivalents idiomatiques dans la langue d’arrivée pour les expressions idiomatiques de la langue de départ. Ne pas le faire peut donner des expressions étranges ou, encore pires, des phrases qui n’ont aucun sens.
Benoit a continué son explication du processus de traduction en poursuivant l’histoire de la traduction portugaise. Avec chaque nouvelle ébauche du livre, Gordon, le champion, a vérifié les ébauches en les enseignant à différents groupes de gens. Il se trouvait parfois à diriger des études jusqu’à cinq soirs par semaine.
Durant ce temps, Gordon a écrit à Benoit : « Je continue à être émerveillé par la puissance de l’Évangile… L’intérêt est grand… Pour la plupart des gens à qui j’ai enseigné, leur participation à l’étude de L’homme sur le chemin d’Emmaüs était la première fois de leur vie qu’ils ont compris le message de l’Évangile selon la Bible. L’impact n’est rien d’autre que la manifestation de la puissance de Dieu, qui sauve et garde les gens par son amour, ses soins et sa grâce éternels. »
Au fur et à mesure que l’équipe portugaise améliorait la traduction, elle commençait à réfléchir aux prochaines étapes du processus. Comme le dit si bien Benoit : « Autant il faut des personnes clés pour produire une excellente traduction, autant il faut des gens qui mettront ces outils dans les mains de ceux et celles qui les utiliseront pour communiquer l’Évangile. » Chaque région est différente, mais, dans bien des endroits, BonneSemence travaille avec des organisations missionnaires telles que New Tribes, Wycliffe, ABWE, TWR et la société biblique du pays.
Un plan de distribution efficace nécessite aussi de former les gens à bien utiliser les outils. Ceux qui s’en servent dans leur propre cercle d’influence sont souvent sollicités ensuite pour enseigner de plus grands groupes au fur et à mesure que les gens voient l’impact d’un message clair de l’Évangile. Gordon était bientôt occupé à enseigner des étudiants dans des écoles bibliques, des missionnaires et des croyants d’églises locales partout au Brésil.
L’équipe de traduction portugaise ne s’est pas contentée de traduire L’homme sur le chemin d’Emmaüs. Elle a poursuivi avec la traduction du cahier d’exercices qui accompagne ce livre, du livre L’Agneau pour les enfants, de Tout ce qu’ont dit les prophètes et de son cahier d’exercices pour les gens venant d’un milieu islamique. Grâce aux efforts infatigables de cette équipe, ces ressources sont maintenant offertes en portugais et elles sont utilisées non seulement au Brésil, mais aussi par d’autres gens partout dans le monde qui parlent le portugais.
Tout le processus de traduction, du moment où l’on reçoit la demande jusqu’à ce que le livre imprimé soit entre les mains d’une personne, peut prendre de deux à quatre ans, ou même davantage. Toutes sortes de problèmes peuvent retarder un projet. Le traducteur peut faire face à la persécution ou un membre de sa famille peut tomber gravement malade. Des autorités hostiles peuvent causer des ennuis. Des ordinateurs peuvent être endommagés ou, pires encore, volés. Une retraduction dans la langue de départ peut échouer. Un partenaire qui s’était engagé à faire l’impression du livre peut faire soudainement faillite. Il y a de nombreuses embûches tout au long du parcours. Cependant, avec beaucoup de prières et la direction de Dieu, Benoit et son équipe persévèrent. Pour s’encourager, Benoit imagine maintes et maintes fois dans son esprit le scénario suivant : un homme reçoit un livre écrit dans sa langue maternelle. Il ouvre le livre et commence à lire une explication claire du message biblique qui donne la vie. Puis, pour la première fois de sa vie, il le comprend et met sa confiance en Jésus pour son salut. C’est ce scénario qui motive Benoit. Il a entendu tant d’histoires de gens qui sont venus à la foi en Christ au moyen d’un des outils de BonneSemence. Il sait qu’un Évangile compris est un Évangile puissant : il sauve!
Benoit réitère le fait que son rôle est simplement de relier les points. Quand une demande de traduction arrive sur son bureau, souvent il n’a aucune idée comment elle va se réaliser. Où sont les traducteurs avec les aptitudes nécessaires? Qui sera le champion? D’où viendront les fonds nécessaires? Qui l’imprimera et la distribuera? Qui informera les églises et les ministères qu’un outil est disponible? C’est Dieu qui dirige Benoit vers les personnes (les points). Puis, Benoit les rencontre et les relie, comme les maillons d’une chaîne, ce qui a pour résultat un outil prêt à être utilisé. Benoit sait que c’est un miracle chaque fois qu’une traduction arrive entre les mains d’un peuple. Pour lui et son équipe, c’est merveilleux d’être des spectateurs de Dieu à l’œuvre.
Pour voir tous les outils de BonneSemence, visiter la page Tous les outils.
(*Les noms ont été modifiés en conformité à la politique de BonneSemence.)