Où dans les Écritures lit-on que Dieu a dit à Caïn et à Abel d’apporter un sacrifice sanglant?

cainQuestion :

Où dans les Écritures lit-on que Dieu a dit à Caïn et à Abel d’apporter un sacrifice sanglant? Les notes en bas de page dans ma Bible précisent que le problème venait de l’attitude de Caïn et non de son sacrifice, qu’un sacrifice non sanglant était acceptable.

Brève réponse :

Selon Hébreux 11.4, nous savons que Dieu a considéré le sacrifice de Caïn comme le mauvais sacrifice, et à en juger d’après le texte, la seule chose que nous pouvons en déduire, c’est que le bon sacrifice aurait dû être semblable à celui qu’Abel a offert.

Par la foi, Abel a offert à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Caïn. Grâce à elle, il a été déclaré juste par Dieu qui a témoigné lui-même qu’il approuvait ses dons, et grâce à elle Abel parle encore, bien que mort. (Hébreux 11.4, SEM)

Remarquez qu’il est écrit « un sacrifice meilleur » et non pas « une meilleure attitude ». Dieu « approuvait ses dons », non pas « son attitude ». Sans doute, l’attitude de Caïn était-elle aussi mauvaise, mais les Écritures n’en parlent pas dans ce passage.

Nous savons que le sacrifice d’Abel possédait toutes les caractéristiques d’une offrande consumée par le feu, en d’autres mots, un sacrifice sanglant offert pour couvrir le péché. On ne mentionne aucun sacrifice non sanglant1 dans la Bible avant l’époque de Moïse. Une analyse approfondie du passage ne laisse aucune autre option que de conclure que Dieu leur avait dit exactement ce qu’ils devaient faire. Abel a obéi, et Dieu en était content. Caïn n’en a fait qu’à sa tête, et Dieu en était mécontent.

Commentaire additionnel :

Certaines personnes possédant des connaissances bibliques se demandent comment on peut affirmer que Dieu a dit à Abel et à Caïn d’apporter un sacrifice sanglant. « Où se trouve ce commandement? » Bien que cette question m’ait rarement été posée, dans une certaine mesure, on pourrait poser cette même question au sujet des offrandes offertes par Noé, Abraham, Isaac, Jacob et Job.

Dans les premiers chapitres de la Bible, beaucoup d’événements pas tellement détaillés se passent. Et pourtant, nous ajoutons des détails à ces événements et les enseignons avec une entière confiance que nous ne propageons pas d’hérésies. Le serpent dans le jardin d’Éden constitue un exemple classique. Comment savons-nous que le serpent était le diable? Cela n’est écrit nulle part dans Genèse 3. À vrai dire, le mot « diable » n’est utilisé nulle part dans l’Ancien Testament. Même le mot Satan ne figure pas avant 1 Chroniques 21.1. Et pourtant, nous enseignons en toute confiance que c’est le diable qui a séduit Ève. Nous le faisons parce que nous incorporons l’ensemble des Écritures dans l’histoire.

De la même manière, il est vrai que nous ne trouvons aucune conversation entre Dieu, Abel et Caïn dans Genèse 4, ni aucune instruction transmise à Noé, à Abraham, à Isaac, à Jacob et à Job quant à la manière de faire des sacrifices. La seule manière dont nous pouvons déterminer le genre de dialogue qui aurait pu avoir lieu est d’étudier ces passages de l’Ancien Testament et de les comparer avec des passages pertinents subséquents. Il est intéressant de noter que le récit contient plus de substance que ce qui paraît à première vue.

Mais avant d’examiner cette question, il convient de parler des mots offrande et sacrifice.

Sacrifice ou offrande

Certains disent que Caïn et Abel ont offert une offrande (en hébreu : מִנְחָה minḥâ) plutôt qu’un sacrifice sanglant associé à l’expiation. Cet argument est basé sur l’utilisation courante de minḥâ, en lien avec les offrandes végétales ou non sanglantes. Puisque la Bible utilise le mot minḥâ pour parler de l’offrande de Caïn et Abel, certains concluent que les offrandes étaient des dons, non pas des sacrifices expiatoires nécessitant du sang. Cependant, le mot minḥâ est parfois utilisé en parlant de sacrifices sanglants2. Son utilisation n’est pas toujours conséquente.

Puisque différents mots sont utilisés pour décrire les sacrifices, il faut permettre aux Écritures de définir elles‑mêmes le mot offrande. En parlant d’Abel et Caïn dans Hébreux 11.4, les Écritures utilisent le mot grec (θυσία), employé onze fois dans l’épître aux Hébreux pour désigner le concept de l’expiation au moyen d’un substitut. C’est le mot que le Saint‑Esprit, par inspiration, a jugé approprié de transmettre pour décrire les offrandes de Caïn et d’Abel. Ce mot n’exclut pas l’offrande végétale (de Caïn), mais il comprend certainement l’offrande sanglante (telle que celle offerte par Abel).

De plus, environ 200 ans avant la rédaction du Nouveau Testament en grec, l’Ancien Testament hébraïque avait été traduit en grec (on désigne ces écrits par les chiffres romains LXX). Les traducteurs de la LXX ont utilisé, dans Genèse 4, le même mot grec (θυσία) que le Saint-Esprit a plus tard inspiré à l’auteur de l’épître aux Hébreux d’utiliser. Ce terme général est aussi utilisé dans tout l’Ancien Testament (LXX) pour désigner des sacrifices.

Il semble assez évident, dans le récit de Caïn et Abel, qu’il est impossible de différencier les mots offrande et sacrifice au point de dire que leurs dons n’avaient aucun lien avec le concept de l’expiation au moyen d’un substitut, incluant une effusion de sang.

Il faut aussi se rappeler que jusqu’à l’époque de Moïse, toutes les offrandes étaient sanglantes, à l’exception de celle offerte par Caïn, laquelle a été rejetée par Dieu3.

cain2Les éléments essentiels

Considérons maintenant les éléments essentiels d’un sacrifice, le genre offert par des hommes pieux dans l’Ancien Testament. Par éléments essentiels, nous voulons dire les aspects sans lesquels un sacrifice n’en serait plus un. Dans ce cas-ci, les éléments essentiels les plus évidents d’un sacrifice sont :

  1. La personne qui l’offre : il faut une personne qui apporte l’offrande.
  2. L’offrande elle-même : il faut la « chose » qui est offerte.
  3. L’objet de l’offrande : l’offrande doit être offerte à quelqu’un (Dieu) ou à quelque chose (une idole).

Est-ce que ces éléments essentiels étaient présents dans le récit de Genèse 4? Oui, ils l’étaient. Caïn et Abel ont offert les sacrifices, l’offrande était soit un animal, soit le fruit de la terre, et les offrandes étaient faites à Dieu.

Toutefois, d’autres éléments essentiels sont moins évidents. Dieu a établi certaines conditions pour qu’un sacrifice soit légitime. Si ces exigences n’étaient pas satisfaites, le sacrifice était alors rejeté.

A. L’homme doit s’approcher de Dieu en étant conscient de qui Dieu est. Il était possible qu’une personne apporte la bonne offrande, mais qu’elle l’offre de façon machinale ou arrogante, à contrecœur ou avec un manque de respect. Dans ce cas, Dieu ne l’accepterait pas. Le psalmiste, le roi David, a écrit que si le sacrifice était bon, mais qu’il était offert par une personne n’ayant pas un cœur bien disposé envers Dieu – de façon machinale ou avec un manque de respect – il n’était pas acceptable.

Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche proclamera ta louange. Si tu avais voulu des sacrifices, je t’en aurais offert, mais tu ne prends pas plaisir aux holocaustes. Les sacrifices agréables à Dieu, c’est un esprit brisé. Ô Dieu, tu ne dédaignes pas un cœur brisé et humilié. Psaume 51.17‑19 (S21)

Le roi David voulait dire que le seul sacrifice acceptable est celui qui est offert dans un esprit de vraie adoration (avec un cœur droit). Samuel a évoqué la même idée lorsqu’il a dit :

Les holocaustes et les sacrifices font-ils autant plaisir à l’Éternel que l’obéissance à ses ordres? Non! Car l’obéissance est préférable aux sacrifices, la soumission vaut mieux que la graisse des béliers. Car l’insoumission est aussi coupable que le péché de divination et la désobéissance aussi grave que le péché d’idolâtrie. 1 Samuel 15.22-23 (SEM)

Rien de particulier n’est dit au sujet de l’attitude de Caïn et d’Abel lorsqu’ils se sont approchés de Dieu, mais nous pouvons deviner quelle était leur attitude en considérant le prochain point. Il est presque certain qu’Abel est venu avec humilité, conscient de la grandeur de Dieu, tandis que Caïn avait une attitude plutôt arrogante.

B. L’homme devait s’approcher de Dieu par la foi. Non seulement le sacrifice devait être fait avec une bonne attitude, mais Dieu s’attendait aussi à ce que celui qui offrait le sacrifice reconnaisse qu’il comptait uniquement sur la fidélité de Dieu à tenir sa parole. Dieu n’était pas un joueur de tours qui disait aux gens de faire une chose et qui ensuite riait d’eux ou ne tenait pas sa promesse. Dieu est entièrement digne de confiance, et la personne qui exerçait la foi en faisant ce que Dieu lui demandait de faire démontrait qu’elle reconnaissait sa fidélité.

C. La foi devait avoir un objectif rationnel. Dieu ne nous demande jamais d’exercer la foi en une chose irrationnelle, nébuleuse ou insensée. La foi doit avoir une raison d’être. Pourquoi apporter un sacrifice? Était-ce pour adorer Dieu, pour obtenir le pardon d’un péché, pour témoigner sa reconnaissance… ou quoi? En examinant ce qui a été écrit plus loin dans les Écritures, nous savons que différents sacrifices avaient différents objectifs. Donc, le genre de sacrifice aussi était important puisqu’il concernait l’objectif de la foi.

D. Les sacrifices devaient être acceptables. Nous pouvons affirmer avec certitude qu’il y avait certaines choses que Dieu n’acceptait pas comme sacrifices. Dieu ne permettait pas aux hommes de lui offrir un cochon ou de mauvaises herbes. Si le sacrifice était un animal, il devait être ni blessé ni mourant.

E. Les sacrifices devaient être offerts de façon acceptable. Si le sacrifice était un animal, on ne devait pas l’enchaîner et le laisser mourir de faim. Il ne devait pas être pendu, empoisonné ou tué par un coup à la tête. La Bible dit expressément que l’animal devait mourir en répandant son sang.

On l’égorgera devant l’Éternel, du côté nord de l’autel, et les prêtres, descendants d’Aaron, aspergeront de son sang tous les côtés de l’autel. Lévitique 1.11 (SEM)

F. Les sacrifices devaient être offerts sur un autel. Le sacrifice ne devait pas être jeté à l’eau ou en bas d’un précipice. Il ne devait pas être laissé dans la boue ou exhibé en ville. Il devait être offert sur un autel. Aucun autel n’est mentionné dans les récits de Caïn et Abel et de Job, mais il en est fait mention dans les récits de Noé, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Il n’est pas dit dans ces passages comment ils devaient construire l’autel, mais quand nous arrivons à l’époque de Moïse, Dieu l’explique clairement.

Vous construirez pour moi un autel en terre sur lequel vous offrirez vos holocaustes et vos sacrifices de communion, votre petit et votre gros bétail; en tout lieu où je rappellerai mon souvenir, je viendrai vers vous et je vous bénirai. Si vous me construisez un autel en pierres, vous ne le bâtirez pas en pierres taillées, car en taillant les pierres au ciseau, vous les profaneriez. Vous ne construirez pas d’autel auquel on monte par des marches pour ne pas exposer aux regards la nudité de ceux qui y monteront. Exode 20.24‑26 (SEM)

De toute évidence, Dieu était préoccupé par la manière dont les autels devaient être construits et, de ce fait, il a dû communiquer quelque chose à Noé, à Abraham, à Isaac et à Jacob pour qu’ils sachent tout d’abord qu’ils devaient en construire un. Je crois que nous pouvons dire avec certitude que Dieu a dû leur donner des indices minimaux sur le genre d’autel qu’il désirait. Je crois que nous pouvons aussi conclure que des consignes ont aussi été communiquées à Caïn, à Abel et à Job.

Il y a un autre fait intéressant que l’on peut conclure au sujet des autels. Un autel représentait un point de contact entre Dieu et l’homme. C’était un lieu (pas le seul lieu) où l’homme venait pour faire une transaction avec Dieu. L’importance de ce lieu peut ne pas être évidente, à moins d’imaginer l’absence d’un autel. Abel, Caïn, Abraham, Isaac, Jacob et Job se seraient promenés en ville, leur sacrifice entre les mains, incertains de la façon de communiquer qu’ils voulaient s’approcher de Dieu. Non seulement devaient-ils savoir « comment » l’offrir, mais ils devaient savoir « où » l’offrir. L’existence d’un autel donne un sens aux paroles : « Abel, de son côté […] offrit les meilleurs morceaux… » Où Abel offrit‑il son sacrifice? Sans doute a-t-il rencontré Dieu à un autel.

Il peut y avoir d’autres éléments essentiels aux sacrifices, mais ceux que j’ai mentionnés sont suffisants pour comprendre l’idée. Une violation de ces éléments essentiels, et Dieu n’accepterait pas le sacrifice. Parce que j’ai voyagé à travers le monde et que j’ai rencontré plus de 40 groupes indigènes, je sais que beaucoup de choses bizarres se font lors d’un sacrifice. Les éléments essentiels d’un sacrifice acceptable ne sont pas intrinsèques à la pensée humaine. Alors, comment donc Caïn, Abel, Noé, Abraham, Isaac, Jacob et Job ont-ils su ce qui était acceptable? La réponse semble évidente, même facile : Dieu a dû le leur dire.

Une conversation préalable

Nous arrivons maintenant à notre question : « Comment peut-on dire avec certitude que Dieu a dit à Abel et à Caïn d’offrir un sacrifice? » Comme il a déjà été dit, aucune conversation n’est mentionnée dans Genèse chapitre 4 où Dieu aurait communiqué ces éléments essentiels d’un sacrifice à Caïn et à Abel. Y a-t-il d’autres passages bibliques qui indiquent qu’une telle conversation aurait eu lieu préalablement? Je crois que oui. Suffisamment d’indices montrent que Dieu a donné à Caïn et à Abel des instructions très précises au sujet des sacrifices.

A. Premièrement, nous savons que Dieu parlait à Abel et à Caïn, apparemment de vive voix.

L’Éternel dit à Caïn : Pourquoi te mets-tu en colère et pourquoi ton visage est-il sombre? Genèse 4.6 (SEM)

Dieu a dû leur parler souvent puisqu’on ne décèle aucun signe de terreur ou de peur dans le comportement de Caïn. Plus loin dans les Écritures, nous voyons des anges parler à Zacharie, aux bergers et à Marie, et ils ont été considérablement effrayés. Mais dans Genèse chapitre 4, rien n’indique que cette conversation avec Caïn était hors de l’ordinaire. Nous pouvons dire avec certitude que Dieu s’entretenait avec Caïn et Abel. Il en allait de même pour d’autres hommes de Dieu dont il est fait mention dans les premières pages de la Bible.

B. Deuxièmement, nous savons que Dieu a eu au moins une conversation préalable. Dieu, en parlant à Caïn, a fait allusion à ce qui est « bien ». Il faisait référence à une conversation précédente.

Si tu agis bien, tu le relèveras. Mais si tu n’agis pas bien, le péché est tapi à ta porte : son désir se porte vers toi, mais toi, maîtrise-le! Genèse 4.7 (SEM)

Dieu n’aurait pas pu parler de cette façon à Caïn si Caïn ne savait pas ce qui était « bien ». Dieu a même insinué que Caïn savait comment « maîtriser » son péché. Ces deux faits indiquent l’acquisition de connaissances préalables et des conversations passées. Ces conversations préalables devaient certainement inclure les détails essentiels que nous avons examinés plus tôt. Le seul fait que Caïn et Abel savaient qu’ils devaient offrir un sacrifice laisse présumer qu’ils ont reçu cette connaissance de la part de Dieu. En effet, nous savons que ce n’est pas une connaissance intrinsèque chez l’être humain. Nous n’aimons pas faire des sacrifices et ce n’est pas instinctivement que nous en offrons.

Le bien

Il faut maintenant se pencher sur ce qu’était le « bien » que Dieu avait commandé à Caïn et à Abel de faire. Tout d’abord, nous pouvons affirmer qu’Abel a fait la bonne chose. Dieu voulait que Caïn fasse la même chose qu’Abel.

L’Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande; mais pas sur Caïn et son offrande. Genèse 4.4-5 (SEM)

En plus de cela, selon une multitude de détails que l’on trouve plus loin dans le Pentateuque, Abel a fait sept bonnes choses en offrant son sacrifice. La Bible nous dit dans Genèse 4.4 :

Abel, lui aussi, 1apporta 2des 3premiers-nés de 4son 5petit bétail avec leur 6graisse. Genèse 4.4 (COL)

1. Abel a apporté le sacrifice. Il ne l’a pas envoyé par quelqu’un d’autre et il ne l’a pas laissé se promener libre en ville. Il l’a présenté lui-même.

Lorsque quelqu’un d’entre vous fera une offrande à l’Éternel […], il l’offrira… Lévitique 1.2-3 (LSG)

2. Abel a apporté seulement quelques-uns de ses animaux et non pas tout le troupeau. Dieu n’exige pas le tout pour que l’offrande soit légitime. Il exige seulement une partie représentative. Cela peut paraître évident à nos yeux, mais j’ai déjà visité des peuples où on s’attendait à ce que le tout soit offert. Dieu a appliqué ce principe même à la collecte des impôts du tabernacle, limitant le montant à donner.

Les riches ne paieront pas plus et les pauvres pas moins que cette pièce d’argent, pour acquitter l’offrande due à l’Éternel, en rançon pour votre vie. Exode 30.15 (SEM)

Quand on pense à la personne de Dieu, à sa puissance et au jugement qu’il inflige aux pécheurs, cela n’aurait pas été surprenant de voir Abel apporter tout son troupeau par crainte de l’Éternel. Mais il ne l’a pas fait. Comment savait-il qu’une partie représentative était suffisante?

3. Abel a offert un premier-né. Les Écritures disent :

… les premiers-nés mâles de votre bétail lui appartiendront. Exode 13.12 (SEM)

Bien que la Bible n’indique pas que tous les sacrifices devaient être des premiers‑nés, il est évident que Dieu considérait le premier-né comme étant le meilleur du troupeau. Comment Abel savait-il qu’il devait offrir un premier-né?

4. Abel a offert son animal. L’animal lui appartenait. Il a fait un sacrifice personnel. Il n’offrait pas quelque chose qui ne lui avait rien coûté.

… les premiers-nés mâles de votre bétail lui appartiendront. Exode 13.12 (SEM)

5. Il a offert un animal de son petit bétail. Il n’a pas offert un poisson, un hibou, un chien ou un cochon.

Lorsque l’un d’entre vous offrira un animal en sacrifice à l’Éternel, il apportera un animal pris parmi le gros ou le petit bétail. Lévitique 1.2 (SEM)

Comment Abel a-t-il su qu’il devait offrir un agneau ou une chèvre?

6. Il a offert la graisse. Seulement certaines parties de l’animal étaient acceptables. Par exemple, Dieu n’aurait pas accepté la peau, les cornes, les sabots ou les organes génitaux.

Puis les descendants du prêtre Aaron allumeront le feu sur l’autel et empileront des bûches sur le feu. Ensuite, ils disposeront les quartiers de viande, la tête et les parties grasses sur le bois en feu qui est sur l’autel. On lavera à l’eau les entrailles et les pattes, puis le prêtre brûlera le tout sur l’autel. C’est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu dont l’odeur apaise l’Éternel. Lévitique 1.7-9 (SEM)

Comment Abel savait-il qu’il devait offrir la graisse?

7. En plus de ces six éléments mentionnés dans la Bible en Genèse 4.4, il est dit aussi qu’Abel est venu par la foi.

C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un sacrifice de plus grande valeur que celui de Caïn… Hébreux 11.4 (COL)

Le fait qu’Abel ait fait ces sept bonnes choses de sa propre initiative et simultanément est inexplicable. J’ai déjà demandé à une mathématicienne de calculer la probabilité d’un tel événement – puisque les mathématiques ne sont pas ma force – et elle m’a dit que la probabilité était si infime qu’elle était presque impossible. Par exemple, prenons seulement deux aspects du sacrifice. Quelle était la probabilité qu’Abel choisisse le bon animal parmi tous les mammifères, les oiseaux, les poissons, les amphibiens et les insectes qui existent? En plus de cela, quelle était la probabilité qu’Abel sélectionne les bonnes parties parmi toutes les parties de l’animal, quel qu’il soit? Qu’il ait bien choisi ne serait-ce que ces deux éléments aurait été très peu probable. C’est évident que Dieu a dû leur donner quelques informations, et s’il leur a dit quoi que ce soit, il est raisonnable de penser qu’il leur aurait indiqué quels étaient les éléments essentiels d’un sacrifice.

Un sacrifice sanglant ou une bonne attitude?

À présent, considérons le sacrifice lui-même. Si Dieu a parlé à Caïn et à Abel au sujet des sacrifices, est-ce qu’il n’aurait pas pu leur dire qu’il était acceptable d’apporter une offrande de céréales ou de légumes? Comment savoir qu’un sacrifice sanglant était nécessaire dans ce contexte? Est-ce que Dieu n’aurait pas pu simplement être content de l’attitude d’Abel et le féliciter strictement sur cette base-là? Supposons que Caïn ait été rejeté non à cause de son sacrifice, mais en raison de son attitude, car nous avons vu qu’une bonne attitude est aussi un des éléments essentiels. N’y a-t-il pas des érudits de la Bible qui disent : « Il n’y avait rien de mal avec le sacrifice de Caïn. Des offrandes non sanglantes étaient aussi offertes par les Israélites. C’est l’attitude de Caïn qui était le problème »?

Est-ce bien vrai? Est-ce que l’attitude de Caïn était le seul problème? Examinons ce qu’en disent les Écritures.

Par la foi, Abel a offert à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Caïn. Grâce à elle, il a été déclaré juste par Dieu qui a témoigné lui-même qu’il approuvait ses dons, et grâce à elle Abel parle encore, bien que mort. Hébreux 11.4 (SEM)

Une fois de plus, on lit « un sacrifice meilleur », non pas « une meilleure attitude ». Dieu approuvait « ses dons », non pas « son attitude ». Sans doute, l’attitude de Caïn était mauvaise aussi, mais les Écritures ne le mentionnent pas dans ce passage. Dans un autre passage, Caïn a été repris, non pas pour son attitude, mais pour ses actions (le mauvais sacrifice), tandis que les actions de son frère (le bon sacrifice) ont été louées.

Ne soyons pas comme Caïn : il appartenait au Mauvais et tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il? Parce que les actions de Caïn étaient mauvaises, tandis que celles de son frère étaient justes. 1 Jean 3.12 (BFC)

Il est vrai que les actions résultent d’une mauvaise attitude, mais les deux passages cités indiquent clairement que c’est le sacrifice qui était au cœur du problème. Il semble clair non seulement que Dieu a commandé à Abel et à Caïn d’offrir un sacrifice animal, mais également qu’il a exigé un sacrifice sanglant.

Vous vous êtes approchés de Dieu […] de Jésus, l’intermédiaire de l’alliance nouvelle, et de son sang répandu qui parle d’une manière plus favorable que celui d’Abel. Hébreux 12.23-24 (BFC)

Quelques érudits débattent la question à savoir si le sang mentionné dans ce passage fait référence au sang d’Abel versé par Caïn ou au sang du sacrifice d’Abel. Puisque le sang en question est directement lié au sang répandu de Jésus, il semble que les règles de l’interprétation parallèle exigent qu’il soit question du sang du sacrifice offert par Abel. Peu importe la manière dont vous l’interprétez, il n’est pas dit :

Vous vous êtes approchés de Dieu […] de Jésus, l’intermédiaire de l’alliance nouvelle, et de son sang répandu qui parle d’une manière plus favorable que la bonne attitude d’Abel.

Résumé

La Bible dit donc clairement qu’il y avait un problème avec le sacrifice de Caïn. L’aspect le plus évident réside dans le fait que son sacrifice n’était pas de la même nature que celui d’Abel. Après tout, nous avons déjà établi qu’Abel a fait la bonne chose. Mais pourquoi Dieu aurait-il voulu un sacrifice comme celui d’Abel?

En examinant l’ensemble des Écritures, nous pouvons affirmer que presque tous, sinon tous les sacrifices jusqu’au temps du tabernacle étaient des sacrifices consumés par le feu. Ils nécessitaient la mort et une effusion de sang. Nous savons à présent que ces sacrifices représentaient des images frappantes de ce qui devait venir. Le fait de leur donner une autre signification reviendrait à minimiser la portée des Écritures. C’est pourquoi nous pouvons affirmer que la bonne chose que Dieu a demandé à Caïn et à Abel de faire était en lien avec ce concept répété tout au long des Écritures.

C’est dans le sang que réside la vie d’une créature. Le Seigneur vous autorise à utiliser le sang sur l’autel pour obtenir le pardon en votre faveur; en effet le sang permet d’obtenir le pardon parce qu’il est porteur de vie. Lévitique 17.11 (BFC)

Nous n’avons aucune raison de croire que les instructions données par Dieu à Caïn et à Abel indiquaient d’offrir un sacrifice différent de ce type-là, un sacrifice sanglant. Toute autre interprétation se doit d’être appuyée par les Écritures.

Cette interprétation de ces passages n’est pas nouvelle. Beaucoup de théologiens qualifiés croient que le concept du sang expiatoire est illustré dès les premières pages de la Bible.

H. Spurgeon (1834 –1892), dans une prédication du dimanche matin4, le 29 août 1858, au Music Hall des Royal Surrey Gardens, a déclaré :

« … Caïn ne se préoccupait guère de Christ; il n’était pas prêt à confesser son péché; il était disposé à offrir une offrande de reconnaissance, mais non pas une offrande pour le péché. Il était prêt à apporter à Dieu ce qu’il estimait acceptable en retour pour les faveurs qu’il avait reçues de Dieu, mais il ne lui apporterait pas une offrande par laquelle il reconnaissait sa culpabilité, ou faisait une confession de son incapacité de l’expier autrement que par le sang versé d’un substitut.

« … Qu’est-ce qu’Abel a apporté? Il a apporté un sacrifice démontrant la nécessité de verser du sang, mais Christ a lui‑même apporté le sang versé. Par son sacrifice, Abel a enseigné au monde qu’il a cherché une victime, mais Christ a apporté la véritable victime. Abel a apporté le type et la représentation, l’agneau qui n’était qu’un symbole préfiguré de l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde; mais Christ était cet Agneau. Il matérialisait enfin “l’ombre des choses à venir”, la représentation devenait réalité en lui. » [traduction libre]

William Graham Scroggie (1877-1958), dans sa série en trois volumes intitulée The Unfolding Drama of Redemption5, s’est exprimé ainsi :

« Les produits de la terre n’étant pas adéquats aux yeux de Dieu pour revêtir Adam et sa femme (Genèse 3.17), Dieu leur a donc fourni des peaux animales, ce qui a nécessité une effusion de sang (Genèse 3.21). Il semble évident que ce geste avait une signification religieuse d’après ce qui est déclaré ici (Genèse 4.4‑5). Les parents enseigneraient ensuite à leurs enfants ce que le Seigneur leur avait enseigné, en mettant l’accent sur la nature du péché et sur la nécessité que celui-ci soit couvert, comme les peaux le symbolisaient…

« Ainsi, la différence entre les deux frères, en tant qu’adorateurs, n’était pas leur métier, mais leur état spirituel. Les deux avaient reçu la même directive et avaient été témoins du même exemple, mais Abel a adoré Dieu de la façon prescrite par lui tandis que Caïn a fait les choses à sa manière. Pour utiliser une terminologie plus récente, Caïn était religieux, mais Abel était chrétien. Abel croyait que la culpabilité exigeait une effusion de sang, mais Caïn n’a pas reconnu sa culpabilité.

« … Caïn, qui a refusé de verser le sang d’un agneau selon la volonté de Dieu, a versé le sang de son frère en rébellion contre la loi, humaine et divine. » [traduction libre]

Donald Grey Barnhouse (1895–1960), pasteur pendant de nombreuses années de la Tenth Presbyterian Church à Philadelphie, a écrit ce qui suit :

« Le chemin vers la croix était dès lors fermement établi. Ici, nous voyons le premier agneau, un agneau pour un homme. Plus tard, à la Pâque, il y aura un agneau pour une famille (Exode 12). Et puis, le jour des expiations, il y aura un sacrifice pour la nation (Lévitique 16). Et enfin, c’est Christ qui enlève le péché du monde. (Jean 1.29)

« C’était de cette manière que Dieu illustrait le pouvoir incroyable de l’agneau sanglant. Un agneau sauvait un homme, puis une famille, puis une nation et, enfin, le salut est offert au monde entier par l’Agneau de Dieu. » [traduction libre]

Nathan J. Stone, un chrétien Juif, a écrit dans son livre Names of God (« Les noms de Dieu »)6 :

« [Dieu] enseigne à l’homme comment s’approcher à nouveau de lui au moyen d’un sacrifice, d’un substitut. Voilà ce qui ressort clairement de la manière qu’Abel s’est approché de Dieu, au moyen du sacrifice d’une vie, et de la manière que Dieu a rejeté l’approche de Caïn, qui était dépourvue d’un tel sacrifice. » [traduction libre]

Le bien-aimé pasteur à la radio, J. Vernon McGee (1904–1988) a écrit :

« Ce n’était aucunement un trait de caractère qui différenciait Caïn et Abel, mais les offrandes qu’ils ont apportées. […] Qu’est-ce qui rendait le sacrifice d’Abel excellent? C’était un sacrifice sanglant! L’offrande de Caïn ne l’était pas, donc elle a été rejetée. Il s’agissait d’un puissant symbole préfiguré du sang de Christ… » [traduction libre]

W. A Criswell (1909–2002), qui a exercé deux mandats comme président de la Southern Baptist Convention et qui était sans doute un des plus grands prédicateurs du XXe siècle, a écrit :

« L’offrande d’Abel était acceptable, et l’offrande de Caïn ne l’était pas (v. 5). Dans ce chapitre, l’accent n’est pas mis seulement sur les hommes eux‑mêmes, mais sur leurs offrandes. L’offrande de Caïn était (1) non sanglante (voir Hébreux 9.22), (2) le résultat de ses propres œuvres (voir Tite 3.5), et (3) le produit d’un sol maudit (voir Genèse 3.17). Abel, d’autre part, a présenté un sacrifice plus excellent. » [traduction libre]

William MacDonald (1917-2007), dans son commentaire biblique Believers Bible Commentary7, a expliqué ceci :

« À un moment donné, Caïn et Abel ont dû recevoir l’instruction selon laquelle l’homme pécheur ne peut s’approcher du Dieu saint qu’en versant le sang d’un sacrifice offert en substitut. Caïn a rejeté cette révélation et est venu à Dieu avec une offrande non sanglante de fruits et de légumes. Abel a cru à la directive de Dieu et a offert un animal immolé, démontrant ainsi sa foi et sa justification par Dieu. (Hébreux 11.4) Il a apporté le premier-né de son troupeau, manifestant ainsi que le Seigneur méritait le meilleur. L’offrande d’Abel pointait vers la mort de l’Agneau de Dieu comme substitut qui ôte le péché du monde. » [traduction libre]

Mais un tel enseignement n’est pas limité aux théologiens du passé. Le site Web GotQuestions8 répond à cette question ainsi :

« Certains se demandent, “Comment Caïn et Abel pouvaient-ils savoir quel sacrifice ils devaient apporter?” La réponse, c’est que Dieu a dû leur donner des instructions. Il est clair que l’offrande devait être un substitut expiatoire, parce que nous lisons dans Hébreux 11.4 : “Par la foi, Abel a offert à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Caïn.” Quand Abel est venu pour adorer Dieu, c’est par la foi qu’il a apporté son offrande, les “premiers-nés de son troupeau et de leur graisse” (Genèse 4.4). Le Seigneur a porté un regard favorable sur Abel et sur son offrande, et il a accepté celle-ci. » [traduction libre]

H. L. Wilmington, dans son livre Wilmington’s Guide to the Bible9, écrit :

« Caïn apporte une offrande non sanglante à Dieu et elle est rejetée (Genèse 4.5). Non seulement le sacrifice était non sanglant, mais il avait déjà été maudit par Dieu; Caïn a donc ajouté l’insulte à l’injure (voir Genèse 3.17). Caïn a peut-être pensé que ce serait plus raffiné d’apporter comme offrande des fruits et légumes frais qu’un animal sanglant, mais il s’est trompé!

« Telle voie paraît droite devant un homme, mais à la fin, c’est la voie de la mort Proverbes 14.12. Nous avons dans ce verset le premier élément de cette base biblique de vérité selon laquelle, sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon pour le péché (voir Lévitique 17.11; Hébreux 9.22).

« En fait, selon la Loi, presque tout est purifié avec du sang, et il n’y a pas de pardon des péchés sans que du sang soit versé. Hébreux 9.22 (BDS)

« Abel, quant à lui, a offert un agneau en sacrifice, et Dieu l’a accepté. » [traduction libre]

Dans les citations mentionnées ci-dessus, il n’est pas difficile de constater qu’il est grave d’enlever du récit de Caïn et Abel l’importance du sang versé et de l’élément servant de substitut. Quand nous négligeons l’importance du sacrifice sanglant dans ce récit parmi les plus anciens, nous enlevons des Écritures un de ses points essentiels, c’est-à-dire le fait que, dès le commencement, Dieu a fourni à l’homme un moyen d’être à nouveau en communion avec lui et que ce « moyen » était conforme à ce que Jésus a accompli sur la croix.

Les théologiens, du passé et du présent, ont déterminé que cette interprétation de ces versets bibliques est juste et bien argumentée. Une fois de plus, il n’est pas arrogant de dire que n’importe quelle autre interprétation de ce récit doit être prouvée en se basant sur les Écritures.

Droit d’auteur © 1997, 2016 John R. Cross


Note de l’éditeur : Pour obtenir un bon survol du message central de la Bible et des explications additionnelles quant à la raison pour laquelle Dieu a demandé à l’homme d’apporter un sacrifice, veuillez lire le livre intitulé Par ce nom.


Notes :

  • 1. Certains érudits croient que l’onction de la pierre par Jacob dans Genèse 28.18 était une offrande liquide. On pourrait aussi dire que c’était une onction ou une dédicace, plutôt qu’un sacrifice.
  • 2. Par exemple : Esdras 9.5, Psaume 141.2, Daniel 9.21 (voir Nombres 28.1-8 et Lévitique 1.1-10).
  • 3. À partir de l’époque de Moïse, on ajoutait des offrandes végétales au sacrifice. Lorsque c’était le cas, elles étaient toujours offertes après l’offrande sanglante. Il est à noter que l’offrande de Caïn n’incluait pas cet élément.
  • 4. http://www.romans45.org/spurgeon/sermons/0211.htm
  • 5. William Graham Scroggie, The Unfolding Drama of Redemption, Kregel, 1995, p. 69, 70, 71.
  • 6. Nathan J. Stone, Names of God, Moody Press, 1944, p. 27.
  • 7. William MacDonald, Believers Bible Commentary, Thomas Nelson, 1995, 1992, 1990, 1989, p. 37.
  • 8. http://www.gotquestions.org/Cain-and-Abel.html
  • 9. H. L. Willmington, Willmington’s Guide to the Bible, Tyndale, 1981, 1984, p. 9.